Cachez-vous. Cachez-vous. Cachez vos visages. Cachez vos enfants. Cachez le visage de vos enfants. Cachez vos vêtements. Cachez vos corps sous vos vêtements et cachez vos vêtements. Feignez vos démarches. Feignez vos déplacements. N’allez pas d’un point A à un point B. N’embrassez pas votre amoureux en public. Cachez votre visage. Cachez vos amoureux. Cachez vos enfants sous la table. Mangez sous la table. Mangez vos enfants sous la table. Ne sortez pas dehors en portant vos visages. Ne sortez pas dehors. Ne sortez pas pour vous rendre à un rendez-vous. Arrivez toujours à l’improviste. Ne sortez que si vous n’avez rien à faire dehors. Ne rangez pas vos affaires. Ne classez pas votre bureau. N’ayez pas de planning. N’ayez pas de plan de carrière. Ne racontez rien à vos amis. Ne racontez rien à vos familles. Ne racontez rien à vos collègues de travail. Ne racontez rien à la police. N’appelez jamais la police.

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

           

   HISTOIRE : ​

​

   Le Grand Paon a été retrouvé mort, mutilé dans le jardin suspendu du centre d’échange de Lyon Perrache. Comment s’était-il trouvé là, cet immense oiseau que personne n’avait vu ? Comment est-il mort et qui s’en est pris ainsi à lui ? En s’appuyant sur des éléments rapportés depuis le mythe d’Argos à l’époque contemporaine, un narrateur, des danseurs et des images d’archives lui rendent un dernier hommage. Ces obsèques sont l’occasion d’une critique de la modélisation des espaces publics, des procédés de surveillance des corps des gens, de la violence latente faite aux visages par les caméras qui les dévisagent. Alors que la vidéosurveillance est présentée comme un moyen de prévention du délit et du crime, affirmant son pouvoir de répondre à la question « qui tue ? », Les obsèques du grand paon apporte un contrepoint en affirmant la nécessité urgente de se cacher.